Mémoire et apprentissage

Avoir de la mémoire. Avoir de la mémoire est important. Cette mémoire nous permet de nous rappeler des règles de la vie en société, de bénéficier de nos connaissances et de les partager.

Elle est nécessaire à l’école où il y a tant à apprendre. Pourtant, aujourd’hui, les nouvelles technologies semblent la rendre moins nécessaire. Il suffit de taper un nom ou une date sur Google pour savoir à quoi ils se rapportent. Néanmoins, il est tellement plus simple, plus rapide et plus agréable pour son ego d’être capable de mobiliser tout son savoir sur commande.

Mais n’est-ce pas justement un problème d’ego ? Et n’y a-t-il qu’une sorte de mémoire ?

La réponse paraît évidente. Non, chaque individu fonctionne différemment. Non, nous ne retenons pas tous la même chose. L’un retiendra la formule de maths, l’autre son sens, certains les deux, d’autres ni l’une ni l’autre.

L’apprentissage par cœur et scolaire sera une réussite pour certains et un échec pour d’autres. Et pour ceux qui ne réussiront pas, il faudra vivre avec ce sentiment de ne pas être capables d’emmagasiner des données qui semblent pourtant simples aux autres et qui grâce à la répétition devraient normalement rentrer. Pourquoi ?

Parce qu’il y a chez certaines personnes une sorte de résistance consciente ou non. Certains résistent à l’effort, d’autres et parfois les mêmes trouvent absurde l’idée de devoir apprendre quelque chose par cœur et préfèrent comprendre qu’apprendre, ce qui en soi est bien mais risque de leur poser problème lorsqu’il s’agira de restituer des savoirs mais aussi de piocher dans leurs connaissances.

Outre ces difficultés liées à l’apprentissage par cœur, l’oubli d’une chose apprise peut être vécue comme une blessure d’amour propre. Pourquoi avoir fourni tant d’efforts pour un résultat si médiocre ? Pourquoi malgré une réelle volonté de se rappeler et de conserver un maximum d’informations s’évaporent-elles si facilement ? Est-ce dû à une mauvaise qualité d’apprentissage, à un problème de stockage ? Y-a-t-il trop de choses à retenir ou à une difficulté à mobiliser les bonnes connaissances au bon moment ? Certains sont en effet capables de retrouver immédiatement l’information, pour d’autres il faudra un long cheminement, parfois sinueux pour faire réapparaître cette même information. Dans les deux cas, l’information a bien été retenue mais l’effet produit par la longue recherche de l’information a de quoi perturber. Pourtant, la mémoire fonctionne.

Si ce type de personne se souvient difficilement des données qu’on lui a imposées ou qu’elle s’est imposée, en général elle se rappelle parfaitement des situations vécues, des sensations, des émotions, des mots prononcés et ce, sans aucun effort. Dans ce cas, les méthodes d’apprentissage sont sans doute à revoir puisque l’apprentissage scolaire mène semble-t-il à une mémorisation certes, mais à une mémorisation laborieuse et source d’angoisse. Un apprentissage ludique et basé sur des situations dont l’élève pourra s’imprégner a beaucoup plus de chances de réussir. Il s’agira de lui faire vivre dans des situations inventées des émotions et des sensations dans lesquelles l’enseignant aura inséré les fameuses informations à mémoriser. Imaginons par exemple, un professeur qui souhaite faire apprendre l’histoire : les grandes dates et les personnages importants. S’il en a la capacité, créer une pièce de théâtre dans laquelle les élèves joueront ces personnages et ces événements a de grandes chances de bien plus les marquer qu’un cours d’histoire standard. Et pourquoi ne pas faire participer les élèves à l’élaboration de cette pièce ? Ils auront ainsi bien plus de chance d’en retenir le texte. Pour les mathématiques, plus de jeux, des jeux de société par exemple pour montrer aux élèves de manière concrète comment les utiliser : Sudokus, UNO, Monopoly. Certains seront aussi tentés par des petits films amusants ou par des jeux de rôle mettant en scène les nombres. L’idée étant de rendre plus concrètes des informations bien trop abstraites et théoriques pour beaucoup d’enfants. Les trous de mémoire sont très souvent dus à des blocages et nous interpellent sur le fait qu’une information n’a peut-être pas été mémorisée de manière adéquate. Redonner de la place à la fantaisie, à l’imagination de l’enfant a toutes les chances de lui redonner confiance en lui. Car il faut certes faire travailler se mémoire, mais il est aussi important de la nourrir en lui donnant du sens et en ne balayant pas son pendant l’imagination.

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